Les mines de Fléchinelle
Les recherches sont menées par M. Podevin, administrateur des Mines d'Hardinghen et Fiennes, en 1852. Il fonde avec d'autres associés une société de recherches. Cette entreprise effectue trois sondages (Liettres, négatif, Tirremande, positif, Saint Hilaire cottes, positif).
Une seconde société, Faure, entreprend divers sondages négatifs mais elle est prioritaire sur une possible demande de concession. Podevin cède ses sondages positifs et poursuit ses recherches à l'ouest de la Tirremande. A Fléchinelle, en 1853, plusieurs couches de charbons gras sont découvertes. La société fait une demande de concession et engage un sondage à Estrée-Blanche qui rencontre les veines carbonifères à 112 et 138 m de profondeur. Dès 1855, M. Podevin possède trois sondages positifs exploitables.
La Compagnie des mines de houille de la Lys supérieure est constituée le 18 août 1855. La demande de concession est faite dès 1856 pourtant les travaux de la première fosse de la Compagnie débutent dès le 22 décembre 1855. La concession est accordée le 31 août 1858 sous le nom de Fléchinelle avec une superficie de 376 ha. En 1863, par décret, la concession est étendue à 533 ha.
Les travaux débutent pour le premier puits en 1855 avec un puits de 4 m de diamètre jusqu'à 17,75 m de profondeur. En arrivant dans la nappe phréatique, le puits est cuvelé avec de l'orme avec un cuvelage à 16 pans. Deux pompes sont utilisées et évacuent ainsi 10 000 m3/24h. Le passage des eaux est réalisé en février 1858 (deux ans après le début des travaux) et le houiller atteint à 127 m en avril de la même année. En 1866, le cuvelage en Orme se délite, le puits est une passoire. Une chemise en fonte de 50 m de haut est installée. Surcoût pour la Compagnie : 120 000 F.
A 149 m, une couche de 0,8 m de puissance est rencontrée mais le premier accrochage est installé en 1858 à 180 m de profondeur. Les suivants seront à 230, 280, 320 et 350 m de profondeur. Le charbon contient 28 à 34% de matières volatiles, présence de grisou.
Veines exploitées
Nom |
Ouverture (en m) |
Saint-Charles |
0,6 |
Élisabeth |
1 |
Sainte Marie |
1 |
Gabrielle |
0,6 |
Marquise |
0,6 |
Angélique |
1 |
Coralie |
1,4 |
Deux sillons |
0,8 |
Un puits dit de la Morinie est foncée à partir de 1861 par la Société de la Morinie. Il est creusé au diamètre utile de 4 m, maçonné et cuvelé jusqu'à la tête du niveau. Il est abandonné à l'état d'avaleresse en 1863 à la publication du décret d'extension de la concession de Fléchinelle
La fosse se situe loin de tout embranchement pour expédier ses charbons. Elle réalise une voie de chemin de fer pour la relier au canal d'Aire à la Bassée et à la gare d'Aire-Berguette. Le coût de cette réalisation : 1200000 F.
La vente du charbon de la Compagnie est difficile à l'état brut (mauvaise qualité). De 1872 à 1873, quarante fours à coke, système Smet permettent de produire chacun 1,5 T/J. Le rendement reste faible 66%. En 1880, la production n'est seulement que de 10000 T/an avec un écoulement de 15000 T de charbons.
En 1869, 221 ouvriers sont employés et en 1878, 354. La société possède 46 maisons pour loger une partie des mineurs.
La production par une seule fosse reste très modeste en comparaison avec l'investissement réalisé.
Années |
Production en T |
1858 |
8296 |
1863 |
6425 |
1866 |
4832 |
1867 |
8000 |
1868 |
18905 |
1869 |
25100 |
1870 |
32380 |
1871 |
41801 |
1872 |
39299 |
1873 |
37009 |
1874 |
35672 |
1875 |
42392 |
1876 |
54891 |
1877 |
47107 |
1878 |
39130 |
Une modeste production, des gros investissements (chemin de fer, fours à coke) aboutissement au déclin financier de la Compagnie. En 1884, le tribunal déclare sa dissolution. M. Ridoux reprend les actifs avec une nouvelle Compagnie (Mines de Lières). Cette société qui a racheté aussi les Mines d'Auchy au Bois est liquidée en 1894. La concession avec celle d'Auchy au Bois sont reprises par la Compagnie de Ligny les Aires en 1894.
Jean-Louis HUOT pour l'APPHIM