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Le chemin de fer

La naissance des infrastructures de desserte ferroviaire des Mines de Noeux

A la fin du XIXème siècle, l’extension vers l’ouest du bassin houiller Nord-Pas-de-Calais va profondément marquer le paysage de communes demeurées jusqu’alors essentiellement rurales. En sus du développement des installations, cités et équipements nécessaires à l’exploitation minière, de nombreuses infrastructures de desserte ferroviaire sont progressivement construites, notamment par la Compagnie des Mines de Noeux qui finira par disposer d’un des réseaux les plus étendus du bassin.

La constitution du chemin de fer des Mines de Noeux

Selon A. PICARD, la création des premières infrastructures ferroviaire des Mines de Noeux est contemporaine de la mise en service de la section Arras / Hazebrouck de la ligne d’Arras à Dunkerque-Locale (ouverte en 1861 de Lens à Hazebrouck et en 1862 d’Arras à Lens). Constituant aujourd’hui la ligne n°301 000 du réseau ferré national, cet axe est aussi dénommé ligne des Houillères du Pas-de-Calais. Dans son ouvrage de 1884 « les Chemins de fer français - Etude historique sur la constitution et le régime du réseau », A. PICARD signale pour l’année 1860 : « un grand nombre de concessions de chemins de fer industriels » et notamment « huit chemins raccordant les mines d’Auchy-aux-Bois, de Vendin, de Marles, de Ferfay, de Dourges, de Lens, de Noeux et Hersin et de Bruay à la ligne des houillères du Pas-de-Calais » par le biais de décrets pris les 25 & 28 avril, 8,9 & 26 mai et 6 juillet 1860.

E. VUILLEMIN, ingénieur administrateur de la Compagnie des Mines d’Aniche, confirme dans son ouvrage « Le bassin houiller du Pas-de-Calais, Histoire de la recherche, de la découverte et de l’exploitation de la houille dans ce nouveau bassin » : « Jusqu’à l’ouverture du chemin de fer des houillères, qui eut lieu en octobre 1861, la Compagnie de Noeux ne pouvait écouler ses produits que dans la localité, par voitures ; une faible partie était conduite par tombereaux à Béthune pour être embarquée sur le canal. Elle s’occupa bientôt de relier ses fosses et à la nouvelle ligne des houillères et au canal ».

Chronologiquement, la constitution du chemin de fer de la Compagnie des Mines de Noeux est la suivante :

E. VUILLEMIN stipule qu’en 1878 : « Tous les embranchements des Mines de Noeux présentent ensemble un développement de plus de 24 km. Ils sont desservis par 7 locomotives de 30 tonnes de charge et 179 wagons ».

Ce n’en est pas fini pour autant du développement du réseau ferré de la Compagnie ! Son extension suit le fonçage et la mise en exploitation des nouvelles fosses :

Aussi, en 1900, le réseau ferroviaire des mines de Noeux, ainsi constitué, comprend plus de 15,6 km de voies principales et 38,4 km de voies de service, soit un linéaire total dépassant les 54 km ! Au 1er janvier 1900, ce réseau est exploité à l’aide de 14 locomotives, 4 machines de manœuvre et plus de 1 000 wagons.

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Extension du chemin de fer des Mines de Noeux en 1900

Source : IRIS / LILLIAD / Université de Lille 1

Exposition Universelle de 1900 - Compagnie des Mines de Vicoigne et de Noeux – Notice historique et descriptive

Imprimerie Danel / Lille / 1900

Au début du XXème siècle, la Compagnie des Mines de Noeux entame le fonçage de nouvelles fosses.

En 1905 et 1907, sont respectivement foncées, au sud de Barlin mais sur le territoire d'Hersin-Coupigny, les fosses n°9 et n°9bis, dites Warenghien. Ces nouvelles installations totalement fonctionnelles en 1908 se trouvent desservies par le chemin de fer de la Compagnie via un nouvel embranchement ferroviaire connecté au tronçon reliant les fosses n°5 et n°7. C’est ce nouvel embranchement qui, dans les années 1920, permettra de desservir la Cimenterie de la Loisne, située à proximité immédiate du siège du n°9, en contrebas de la Tour observatoire de Verdrel. Cette cimenterie, ultérieurement dénommée Usine des Ciments Français de Barlin, est connue pour son produit phare, le ciment Portland, ayant notamment servi, après le premier conflit mondial, à la construction par la Compagnie des Chemins de Fer du Nord de la nouvelle gare de Lens conçue par l’architecte Urbain CASSAN.

En 1911, la Compagnie fonce sur les hauteurs de la commune d’Hersin Coupigny le puits n°10 qui ne servira qu’à l’aérage de la fosse n°4. Ce puits sera desservi par un raccordement ferroviaire longeant par l’est le hameau de Coupigny et connecté, via un ouvrage permettant le franchissement de la ligne Bully-Grenay / Brias, à la liaison existant entre les fosses n°4 et n°2. Parallèlement, la Compagnie fonce le puits n°10bis. Ce puits localisé entre les hameaux de Coupigny et Boyeffles, sur la commune de Bouvigny Boyeffles, est mis en service le 4 mars 1914 aux fins d’aérage mais son exploitation semble avoir été contrariée par le premier conflit mondial en raison de la très grande proximité de la ligne de front, située, au début du conflit, entre le Bois de Bouvigny et la Chapelle Notre Dame-de-Lorette. Ce puits n°10bis ne semble pas avoir fait l’objet d’une desserte par un embranchement ferroviaire, celle-ci étant au demeurant temporairement possible depuis les installations ferroviaires de la gare d’Hersin-Coupigny. Ces fosses n°10 et n°10 bis ont été remblayées en 1925. Par ailleurs, la Compagnie foncera en 1939-1940 un puits n°12 situé sur la commune d’Houchin. Le fonçage sera abandonné lors de l'invasion allemande et ne sera jamais repris. Là aussi, il ne semble pas que les installations nécessaires au creusement aient été desservies par un embranchement ferroviaire. Enfin, on rappellera que la nationalisation d’après la seconde guerre mondiale induira la fermeture de puits et le fonçage de nouvelles fosses au sein du groupe de Béthune auquel seront rattachés les puits et installations de la Compagnie des Mines de Noeux. Ces fosses seront elles aussi desservies par le fer : Ce sera notamment le cas du siège du n°13/13bis desservi depuis la ligne Bully-Grenay / Brias.

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Extension du chemin de fer des Mines de Noeux aux alentours de 1909
Source : Mission Bassin Minier – La préservation des anciennes
voies ferrées du bassin minier – Des enjeux croisés entre la protection du patrimoine minier et le renforcement du maillage d’itinéraires cyclables de la trame verte – 30 septembre 2014

Le choc du premier conflit mondial

Pendant la guerre 1914-1918, les installations de la Compagnie des Mines de Noeux, à l’instar de celles des Compagnie de Marles ou de Bruay, situées à proximité immédiate du front, demeurent sous contrôle des armées alliées. Sous les bombardements allemands, la poursuite de l’exploitation des mines de ce secteur revêt pour la France un intérêt stratégique : il faut soutenir l’effort de guerre. Les infrastructures ferroviaires sont densément utilisées pour l’évacuation de la houille comme pour les divers et incessants besoins militaires. De nombreux travaux ferroviaires sont menés.

Les travaux entrepris visent à adapter les caractéristiques des réseaux ferrés existants qu’ils soient d’interêt général, local ou minier. Des aménagements capacitaires sont réalisés sur la ligne Bully-Grenay / Brias dans les gares de Barlin et d’Hersin-Coupigny par exemple et pour permettre l’acheminement des troupes et matériels et l’évacuation de la production houillère, cette ligne est doublée entre Houdain et Brias pendant que la section Brias / Saint-Pol-sur-Ternoise de la ligne Fives / Béthune / Fouquereuil / Saint-Pol-sur-Ternoise / Abbeville est portée à 4 voies ! De même, la ligne des Houillères fait l’objet d’aménagements comme à Verquigneul ou encore à Noeux. Sur le réseau de la Compagnie des Mines de Noeux, on procède également à de nombreux aménagements à Noeux, Labourse ou encore Verquigneul.

Ces aménagements comprennent notamment la construction de station de transbordement entre les lignes disposant de voies à écartement normal et les lignes à voies étroites (voies de 60 cm) mises en œuvre par l’armée française puis, à partir de 1916, par les troupes de l’Empire britannique. Des lieux de dépôt et de stockage (matériaux divers, munitions, parc matériel des Royal Engineers, etc.) desservis par des faisceaux de voies étroites sont créés pour les besoins des armées, notamment à Barlin et Hersin-Coupigny. Ce réseau de voies étroites atteindra à la fin du conflit une formidable extension qui ne peut être ici dépeinte en quelques lignes. Certaines de ces lignes à voie étroite continueront d’être exploitées jusqu’au milieu des années 1920 pour aider à la reconstruction des territoires dévastés. Ce sera notamment le cas de la ligne reliant Béthune à Arras via Barlin, la « Verdrel Junction », la gare de Gouy-Servins, Camblain-l’Abbé et Anzin-Saint-Aubin.

E. FACON, le 18.02.2017

Sources : Archives nationales du monde du travail / Archives départementales du Pas-de-Calais / Mission Bassin Minier / APPHIM / Alfred PICARD - « les Chemins de fer français - Etude historique sur la constitution et le régime du réseau » - Tomes n°1, 2 & 3, 1884 / IGN, Cartes spéciales des régions dévastées - 1920 / Site IGN « Remonter le temps » / Emile VUILLEMIN – « Le bassin houiller du Pas-de-Calais : histoire de la recherche, de la découverte et de l’exploitation de la houille dans ce nouveau bassin » - Tomes n°1, 2 & 3 - 1880, 1880 & 1883 / Guy DUBOIS et Jean-Marie MINOT – « Histoire des Mines du Nord et du Pas-de-Calais » - Tomes n°1 & 2, 1991 & 1992 / Bertrand COCQ et Guy DUBOIS, « Histoire des mines de l'Artois » - 1982 / IRIS - LILLIAD - Université de Lille 1 - Exposition Universelle de 1900 - Compagnie des Mines de Vicoigne et de Noeux – Notice historique et descriptive / Données personnelles.


Date de création : 01/03/2017 18:05
Dernière modification : 01/03/2017 18:05
Catégorie : Le bassin NPC|Groupe de Béthune|Mines de Vicoigne-Noeux-Drocourt (concession de Noeux)
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