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Découverte de Lassalle

Petit détour par la Découverte de DECAZEVILLE

A la suite de mes vacances à PORTIRAGNES-PLAGE à côté de BÉZIERS, je suis remonté vers le Nord par l’A 75 (autoroute gratuite). Après la traversée (payante) du magnifique viaduc de MILLAU, on peut quitter l’autoroute à SÉVÉRAC-LE CHÂTEAU (sortie 42) pour prendre la N 88 vers RODEZ à 51 km puis la D 840 vers DECAZEVILLE à 38 km de la préfecture de l’Aveyron. Ce petit détour est très sympathique car la route très roulante est très verdoyante et les paysages sont magnifiques. On traverse ensuite FIGEAC (très belle ville du Lot) puis GRAMAT où on peut tourner à gauche vers ROCAMADOUR et sa majestueuse cité médiévale bâtie sur une falaise abrupte ou à droite vers PADIRAC et son célèbre gouffre, tout un programme de visites… On peut ensuite reprendre l’A 20 (autoroute gratuite) vers LIMOGES-PARIS au niveau de l’entrée 54. Le détour ne manque donc pas d’intérêt d’autant plus que DECAZEVILLE se trouve aussi sur le trajet ; cette coquette petit ville sur le Riou Mort (affluent du Lot) a eu un passé minier et industriel très intéressant pendant plus d’un siècle et demi, elle est célèbre pour sa grande mine de charbon à ciel ouvert (la plus importante de France), la Découverte de Lassalle, qui a été complètement réaménagée et sécurisée après l’arrêt forcé de l’exploitation au début des années 2000.

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SÉVÉRAC-LE CHÂTEAU (Aveyron) juste à la sortie 42 de l’A 75. Photo GT

Le superbe village de BERTHOLÈNE (Aveyron) sur la N 88. Photo GT

Entre RODEZ et DECAZEVILLE sur la D 840. Photo GT

Petit historique de DECAZEVILLE

La ville de DECAZEVILLE a été créée en 1834 en pleine révolution industrielle par le Duc Élie DECAZES (1780-1860) qui a hérité des mines de charbon. Aidé par le polytechnicien François Gracchus CABROL, il créa en 1826 les Houillères et Fonderies de l'Aveyron et DECAZEVILLE deviendra dès lors un grand centre sidérurgique de niveau national (1828 : forges de FIRMI, 1831 : forges de DECAZEVILLE, 1847 : forges d'AUBIN).

Élie DECAZES (1780-1860). Photo GT François CABROL (1793-1882). Photo GT

Dans le département de l’Aveyron, l’extraction du charbon était artisanale depuis le XVème siècle, plus de 200 puits ont été forés. Il y avait aussi de nombreuses fendues (galeries à flanc de colline) et une quinzaine de fosses à ciel ouvert (celle de Lassalle à DECAZEVILLE date de 1892). Du fait de l’isolement géographique de ce bassin, il y a eu quelques périodes de crise car le prix de vente du combustible était supérieur à celui des autres régions et de nombreux conflits ont émaillé la fin du XIXème siècle (les grèves de 1867-1869 et de 1886 ont donné lieu à des incidents très graves). DECAZEVILLE a connu ses heures de gloire après 1895 grâce à l’arrivée de nombreux immigrés. La production maximale annuelle de charbon a été de 1 133 000 t en 1917.

Grâce à ce combustible, l’activité s’est bien diversifiée (métallurgie, chaudronnerie, bois). Au plus fort de la production de fonte et d’acier (1 million de tonnes par an), un téléphérique aérien apportait le minerai de fer et le charbon aux hauts fourneaux et il a fallu construire la centrale thermique de PENCHOT pour alimenter en électricité tout le pôle industriel, celle-ci brûlait les combustibles déclassés de la Découverte et les poussières issues des lavoirs. Malgré tous ces efforts, l’activité n’a cessé de décliner lentement depuis la fin de la Première Guerre Mondiale : s’il y avait 9000 mineurs en 1920, ils ne sont plus que 5000 en 1945 et à peine 2200 en 1961. L’arrêt des fosses est alors programmé dans le Plan Jeanneney et il sera la cause de la grande grève de 1961-1962 (1500 mineurs arrêteront le travail pendant 66 jours). A partir de 1966, il n’y a plus de fosses souterraines classiques dans le bassin et il ne reste que la Découverte de DECAZEVILLE qui produira encore 10 millions de t jusqu’en 2001. On estime que 110 millions de tonnes de charbon ont été extraites en 170 ans dans l’Aveyron. Il y a eu quelques catastrophes (incendies, grisou) durant cette période : 1888 (49 morts), 1913 (11 morts), 1927 (8 morts), 1957 (8 morts).

La Découverte de Lassalle à DECAZEVILLE

Lorsque la couche de houille est recouverte d’une faible épaisseur de terrain, on l’exploite à ciel ouvert. On enlève le ‘’mort-terrain’’ par paliers successifs afin de découvrir le charbon qu’on abat à l’explosif ; on le ramasse ensuite avec des pelleteuses mécaniques de grande capacité et on le remonte à la surface avec d’énormes camions (avant 1932, l’exploitation de la Découverte de DECAZEVILLE n’était pas mécanisée mais artisanale).

Après la fermeture des fosses souterraines de l’Aveyron en 1966, les sept bassins du Sud-Ouest fusionnent en 1969 pour former les Houillères de Bassin du Centre et du Midi (HBCM), DECAZEVILLE en fera partie jusqu’à sa fermeture en 2001.

La Découverte de Lassalle encore en activité en 1962.
Photo JL Craven, Encyclopédie Par l’Image (1962)
Une pelleteuse géante pour ramasser le charbon.
Photo Yan, Encyclopédie Par l’Image (1962)

L’exploitation minière a laissé un trou géant qui a dû être mis en sécurité entre 2001 et 2007 par CDF (coût de 30 millions d’euros). Ces travaux ont nécessité de déplacer 6 millions de m3 de terres, de reboiser 40 ha et d’enrocher le tour du lac de 8 ha au fond de la découverte sur un km.

La Découverte pendant sa réhabilitation en 2005. Photo GT

Le site en 2016 : 3,7 km de long, 2,5 km de large, 250 m de profondeur. Photo GT

Le Puits Central (construit en 1902) est encore là en 2016. Photo GT

Les différents étages sont recouverts par la verdure. Photo GT

A proximité de la découverte, le Musée du Patrimoine Industriel et Minier. Photo GT

Georges TYRAKOWSKI pour l'APPHIM

Pour en savoir plus


Date de création : 12/08/2016 07:48
Dernière modification : 12/08/2016 07:48
Catégorie : Le bassin Centre-Midi|Le bassin d'Aquitaine|L'Aveyron
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