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Visite en Provence de Pierre OMBROUCK

VISITE AUX PUITS DES MINES DE PROVENCE LE 4.12.2015

Coincé entre la Montagne Sainte-Victoire au Nord et le Massif de l’Etoile-Garlaban au Sud, le bassin minier de Provence, comme pour se venger de n’avoir pas pu s’étendre, et alors qu’il abordait ses dernières années d’existence, semble avoir exigé de posséder le puits le plus large et l’un des plus profonds du pays.

Il faut aussi lui associer la Centrale Thermique de Provence (Gardanne-Meyreuil), centrale à lit fluidisé la plus puissante au monde et détenant la cheminée la plus haute de France qui culmine à 297 m.

Et si tout a une fin, tout a aussi un commencement… mais les preuves des sites d’exploitation ne sont que quelques fois gravées sur des plaques commémoratives ou ne sont plus visibles que sur de vieilles cartes postales ou des photos d’une autre époque et très souvent défraîchies. Or, le but de cette visite étant de témoigner de l’encore existant, la priorité a été donnée à des photos et à des infos « prises sur le vif » et donc actuelles, quitte à revenir dans cette belle Provence pour des investigations plus axées sur son passé.

Puits COURAU et BOYER : Meyreuil (13)

Tous deux situés sur le carreau de Meyreuil et distants l’un de l’autre d’une petite quarantaine de mètres, le puits Courau était profond de 619 m tandis que le puits Boyer en faisait 667. Respectivement mis en service en 1927 et 1928, le premier servira à l’extraction et le second au personnel ainsi qu’au matériel. Ils seront stoppés à la fin des années 80 pour être remplacés par deux autres plus adaptés aux nouveaux besoins - Yvon Morandat (Y) et Cativel (Z) - le lavoir à charbon qui était maintenu ne s’arrêtera qu’en 2002.

Entièrement rasé en 2003, le carreau de Meyreuil était alors l’une des mines les plus électrifiées d’Europe.

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Alors que je me tenais en haut à droite pour photographier la centrale vers le Sud, j’étais loin d’imaginer que ces anciens puits avaient existé devant moi à moins de 100 m, le Boyer à gauche et le Courau à droite.

Je regrette que personne n’ait pu me renseigner ce jour-là mais remercie Google de m’avoir éclairé depuis, car je ne manquerai pas de retourner sur le site en espérant y dénicher des plaques ou des indices formels.

Puits GERARD : Mimet - hameau de Biver (13)

Situé sur la commune de Mimet, le puits Gérard est foncé à - 615 m en 1942 et prend son service en 1950. Servant à la fois pour l’extraction et le transport du personnel et du matériel, il est victime en 1989 de la mise en service du puits Z mais reste fonctionnel pour l’aérage du fond et l’exhaure via la galerie de la mer.

visiteprovence02.jpg

Chevalement, tour et recette-jour du puits Gérard.

Sortant de la recette, 2 voies de 525 d’écartement.

Bâtiment des machines d’extraction (bien sécurisé).

Au 1er plan, ventilateurs dont un encore en activité.

Anciennes annexes : bureaux, bains-douches, etc…

Le plus haut des 2 terrils des Molx (ou Mimet-Biver)

Centrale Thermique de Provence : Meyreuil (13)

Pourtant sur la commune de Meyreuil, cette centrale thermique est très souvent appelée « de Gardanne ». Elle brûle du charbon finement concassé qui ne laisse que 4% de cendres. Ainsi, 96% du minerai utilisé servent à produire l’électricité nécessaire pour satisfaire la demande régionale. Malheureusement, cette matière première ne provient plus du sous-sol provençal mais d’Amérique du Sud et d’Australie car la technologie du lit fluidisé ne nécessite pas un charbon de qualité et permet donc l’accès à des prix très bas.

Centrale thermique de Provence (dite de Gardanne).

A côté, le tas de minerai concassé attend son heure.

Au Nord, la Sainte-Victoire du haut de ses 1011 m.

A l’Est, tout au fond dans la brume, la Sainte-Baume.

Au Sud , le Chevalement du Puits Z paraît m’attendre.

Plus au Sud encore, le Massif de l’Etoile-Garlaban.

Puits CATIVEL ou Puits Z : Gardanne - colline de Cativel (13)

Foncé de mars 1982 à août 1984, sa profondeur est de 879 m pour un diamètre de 6,5 m. Il est affecté à l’extraction et son exploitation a commencé en 1986 pour s’achever fin janvier 2003. Démantelées en 2004 après la fermeture des mines, le chevalement et le bâtiment de la machine d’extraction échappent de peu à la destruction, la ville de Gardanne ayant procédé à leur rachat. Cependant (négligence ou naiveté ?), la machine n’a pas survécu au vandalisme exercé à plusieurs reprises par les récupérateurs de métaux dont certains ont même obtenu l’autorisation de s’installer sur le site et donc à proximité des choses convoitées.

C’est inutile de narrer ce qu’il en est advenu car, même si la presse en a peu parlé, le constat est flagrant !

Mais une question s’impose : pourquoi dire que le charbon est exploitable si on laisse détruire le matériel ?

Puits Z et le bâtiment victime de larcins déplorables.

L’impressionnant mécanisme de montée-descente.

Moteur de la machine d’extraction entièrement dépouillé de son cuivre (photo Berrut - 2011)

patrimoine-minier.fr

Puits Yvon MORANDAT ou Puits Y : Gardanne (13)

Réalisé entre 1981 et 1984, son fonçage lui fit atteindre -1109 m, le situant à la quatrième place des puits les plus profonds des Houillères Nationales. De même que son diamètre de 10 m constituait un record et lui permettait de recevoir une grande cage acceptant n’importe quel matériel sans le démonter au préalable.

Entré en exploitation en 1987, il servait à la fois pour l’extraction, l’aérage principal, le transport du personnel et du matériel ainsi que pour l’exhaure. Comme tous les puits en service, il arrêta le 31/01/2003.

Sa tour, datant de 1984 et haute de 52 m, est toujours sur le carreau du puits où subsiste également bon nombre d’installations construites entre 1983 et 1986. Il n’est pas invraisemblable qu’un projet de musée ait été imaginé à une certaine époque mais la tournure que prend le site ne permet plus de lui accorder la plus petite lueur d’espoir. Quant aux énormes quantités de machines et d’outillages de toute nature qui remplissaient autrefois le parc à l’est de ce carreau, elles ont disparu, à l’exception de quelques engins qui semblent pouvoir encore accepter de rouiller jusqu’à ce que la décision soit prise de convier un ferrailleur.

La tour Yvon Morandat qui paraît défier le temps.

Sa cage de 10 m de haut et presque aussi longue.

La prise de l’écartement des rails m’ayant amené une énorme surprise puisque j’ai relevé environ 640 mm, je dois maintenant faire des recherches pour essayer de découvrir quels locotracteurs y tiraient les berlines.

Le BRGM y assure prévention et sécurité du bassin.

La partie devenue désertique à l’est du carreau.

Vestiges du Carreau du Puits Y.Morandat :

Sur le parc, plus de locos mais encore des berlines.

Celle-ci tombe à pic car elle est pour voie de 640.

Pile de soutènement marchant de forte puissance.

Engin sur chenilles pour opérations de percement. (pantofore)

Camion-navette Joy à moteur Perkins 4 cylindres.

Autres Joy dont un châssis neuf prêt au remontage

EPILOGUE :

La dernière photo montre à elle seule que la fermeture de cette ultime mine de Provence a été faite avant le jour programmé et dans la précipitation. Mais le bassin n’a pas démérité pour autant car, de son gisement de lignite exploité depuis près de 3 siècles, il a extrait 130 millions de tonnes réparties en 80 millions pour le charbon et 50 millions pour la lignite noire plus les matières englobant lignite et houille.

Le bassin minier de Provence s’est arrêté le 31 janvier 2003 soit 15 mois avant celui de Lorraine à La Houve.

Articles et photos de Pierre OMBROUCK pour l'APPHIM (sauf photo de Berrut)


Date de création : 11/12/2015 13:28
Dernière modification : 11/12/2015 13:28
Catégorie : Vie de l'asso|Décembre 2015
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